Il y a quelques années, j’accompagnais un de mes client – directeur des achats dans une société européenne – chez un producteur français 👨‍🌾 de salades bio. 

Pour mon client, la définition du prix d’achat payé au producteur était simple : c’était la somme des coûts fixes (semences, eau, électricité, coût du personnel, coût de fonctionnement…) rapportée à la productivité moyenne du produit. Et quand même quelques centimes/salade pour le producteur, pour sa rémunération. 

« Savant » calcul, mais qui n’intégrait pas le vrai coût de la production, à savoir

🔸les années d’alternance de production,

🔸les aléas climatiques,

🔸les aléas commerciaux annuels,

🔸la situation du marché (l’offre et la demande)

⚠️ mais surtout… cela ne laissait pas au producteur le choix de son prix de vente et de sa rémunération ! ⚠️

 

Aujourd’hui, dans une agriculture européenne grandement subventionnée, les productrices et producteurs peuvent-ils vivre de leur travail, de leur production ? 

🔸Avec des coûts de main d’œuvre différents au sein même de l’Europe,

🔸le coût du foncier qui augmente, 

🔸la pression vers les prix les plus bas …

Non, la majorité ne s’en sort pas. 

 

Les agricultrices et agriculteurs bio s’en sortent peut-être mieux. Pas uniquement parce que le bio est plus cher à la vente (il coûte aussi plus cher de produire en bio, pour tout un tas de raison dont entre autres car un besoin de plus de main d’œuvre et moins de productivité) mais par le choix des circuits de vente plus variés, par le choix d’une agriculture plus diversifiée aussi et c’est peut-être là où est la différence. 

 

Et les consommateurs dans tout ça ? 

Sont-ils prêts à payer le vrai prix des fruits et légumes ? 

Aujourd’hui cela semble en surprendre beaucoup que 

🔸les prix à la ferme soient plus élevés que les prix en grandes surfaces, 

🔸que les producteurs fassent appel à des travailleurs étrangers alors que nous avons des personnes sans emploi en France, pourtant c’est le cas depuis des années, partout en Europe, car le travail agricole n’est plus valorisé et il est bien souvent délégué à de la main d’œuvre étrangère (venant des pays de l’Est ou du Maghreb). 

 

A force de ne pas payer le vrai coût des produits, de dépenser de moins en moins dans notre nourriture au profit des autres dépenses, nous en sommes arrivés à un stade où nous acceptons de payer (parfois très) cher des produits fabriqués à bas coût à l’autre bout du monde, mais sommes-nous prêts à payer le prix juste (pour que les productrices et producteurs en vivent) des fruits et légumes ?